Jennifer Larouche veut vous faire manger des insectes. Pour y parvenir, la directrice scientifique et coactionnaire de Ribozome à Saint-Nazaire, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, mise sur l’approche Chipits®. «Nous avons développé un procédé de transformation qui donne un goût et des arômes de brisures de chocolat à nos ténébrions meuniers, détaille la jeune biologiste. Quoi de plus rassurant?»
La magie s’opère à l’étape du séchage, avant que les coléoptères soient transformés en poudre à ajouter aux smoothies, pâtisseries, barres protéinées et autres collations. «La majorité des transformateurs d’insectes comestibles donne une couleur et une saveur neutres à leurs produits. Nous croyons plutôt qu’il faut les rendre les plus attrayants possible pour réussir à les démocratiser», souligne-t-elle.
Au moment de débuter sa maîtrise en sciences animales à l’Université Laval, en 2016, jamais elle n’aurait cru se lancer dans la production et la transformation d’insectes pour l’alimentation humaine et animale. «L’entrepreneuriat n’était pas prévu dans mon parcours!» Quatre ans plus tard, elle démarre pourtant une jeune pousse spécialisée dans ce créneau avec Dany Fortin, qui l’avait engagée comme consultante pour valider le plan d’affaires de ce qui allait devenir Ribozome.
«Les mentalités évoluent vite. Les gens sont de plus en plus ouverts à intégrer les insectes à leur alimentation», constate Jennifer Larouche. Et pour cause : avec ses bonnes qualités nutritionnelles et la petite empreinte environnementale inhérente à son élevage, le ténébrion meunier est considéré comme une protéine d’avenir. Une seule cuillère à soupe de poudre de cet insecte contient 4 g d’acides aminés essentiels.
C’est ce qui explique pourquoi Ribozome voit grand. Dès 2025, elle produira des centaines de tonnes de ténébrions par année grâce à une usine flambant neuve dont la construction est estimée à plusieurs millions de dollars. Ces installations hautement robotisées, les premières du genre au Québec, voire au Canada, emploieront à terme une vingtaine de personnes.
«À force de m’impliquer dans cette industrie naissante [notamment au sein de la Table filière des insectes comestibles du Québec], j’ai eu envie de développer mes propres idées, à ma manière. Grâce au soutien de précieux partenaires tels que le Centre de développement bioalimentaire du Québec et la Suite entrepreneuriale Desjardins, cela est désormais possible.»