Le parcours de récupération des anciens globes de lampadaires montréalais rendu possible par Mine urbaine a permis d’éviter l’enfouissement d’une tonne de matières orphelines.
Le taux de circularité de l’économie québécoise est de 3,5 %. Cela signifie qu’une majeure partie de la production et consommation de biens et services génère des rejets, du gaspillage, de la pollution. À Laval, la situation est criante; le premier écocentre de la troisième ville la plus populeuse du Québec a ouvert ses portes… en 2022. «Il y a une réelle opportunité : nous voulons renverser l’idée selon laquelle les encombrants n’ont pas de valeur», affirme Myriam D Jutras, cofondatrice de Mine urbaine.
Le concept de mine urbaine suppose l’existence de gisements de ressources qui peuvent être réintroduites dans l’économie au lieu de prendre le chemin du dépotoir. L’organisme à but non lucratif de Laval prend acte de ce constat, mais y apporte sa touche personnelle, sous la forme de services spécialisés en écoconception. Dans ce volet de ses activités, une équipe multidisciplinaire imagine et fabrique des produits à valeur ajoutée à partir de matières résiduelles. Cette pratique se nomme le surcyclage.
«Nos revenus proviennent entre autres de notre boutique, où sont vendus les nouveaux produits transformés issus du studio de conception. Qui plus est, ce magasin agit comme une vitrine pour les communautés créatives de la région», indique la spécialisation en conception écologique. Encore en démarrage, Mine urbaine revendique déjà malgré tout quelques faits d’armes. Par exemple, elle a permis la mise en valeur d’anciens globes de lampadaires montréalais, entre autres en œuvres d’art.
Pour Myriam D Jutras, cette entreprise s’inscrit dans la continuité de son DESS en écodesign stratégique conjoint entre l’Université de Montréal, Polytechnique Montréal et HEC Montréal. C’est grâce à ce passage sur les bancs d’école qu’elle rencontre ses associées Geneviève Dagneau et Anne-Marie de Medeiros, impliquées au sein du mouvement citoyen Laval en transition. «De me faire bombarder de notions en économie circulaire, en développement durable, en analyse de cycle de vie a été décisif.»
De fil en aiguille, les trois amies se prennent au jeu. Pourquoi ne pas mettre en œuvre ce que disent les données probantes? Depuis lors, le centre intégré en écoconception Mine urbaine pousse le concept des 3RV – réduction à la source, réemploi, recyclage et valorisation – jusqu’au bout. «Sans le précieux coup de pouce du Pôle régional d’économie sociale de Laval, de Laval économique et de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, nous n’en serions pas là aujourd’hui», précise l’entrepreneure.