Jusqu’à plus de la moitié du temps de travail des orthophonistes serait consacré à des tâches indirectes et administratives.
Au Québec, on estime qu’environ un élève par classe présente un trouble d’apprentissage de la lecture, comme la dyslexie. Sans une prise en charge adéquate et ajustée à ses besoins, ce jeune est à risque d’impacts significatifs sur ses apprentissages et tout au long de sa vie. Or, les listes d’attente pour recevoir des services de pointe sont longues. En cause : une pénurie de professionnels, certes. Mais, aussi, à l’ère de l’intelligence artificielle, beaucoup de temps perdu par ces derniers dans la retranscription phonétique, l’analyse des erreurs, et ainsi de suite.
«Les avancées technologiques permettent aujourd’hui d’automatiser ces tâches à faible valeur ajoutée», affirme Cimon Chapdelaine, cofondateur de Les Solutions PhonIA. Avec ses partenaires d’affaires Christine Turgeon, Jihene Rezgui et Félix Jobin, il a créé une plateforme numérique de dépistage et de suivi des difficultés d’apprentissage recourant à l’intelligence artificielle : PhonIA. «Le but est d’augmenter l’efficience, la productivité et l’efficacité des orthophonistes.»
Cet outil combine la reconnaissance vocale, le traitement naturel du langage et l’intelligence artificielle. Il est développé par Félix Jobin, étudiant en génie de la production automatisée à l’École de technologie supérieure. Jihene Rezgui, directrice du Laboratoire de recherche informatique du Collège de Maisonneuve, assure sa supervision. «Nous avons démontré la faisabilité de notre idée. Le modèle algorithmique est en cours d’entraînement», indique Cimon Chapdelaine.
La rencontre entre ces experts aurait été impossible sans le concours de Mitacs, dont la mission est justement de favoriser les maillages entre les mondes industriels et universitaires. Les Fonds de recherche du Québec, par l’entremise du programme INNO, notamment, ainsi que le ministère de l’Économie et de l’Innovation soutiennent par ailleurs ce projet. «Que ce soit en matière de financement ou d’accompagnement, nous avons tous les outils en main pour innover au Québec», commente-t-il.
PhonIA est actuellement mise à l’épreuve dans des conditions réelles. Les entraînements technologiques et la validation clinique permettront très bientôt un déploiement entre le printemps et l’automne 2024. De quoi révolutionner l’adaptation scolaire! «Cet outil a le potentiel de fournir une aide à la décision, donc d’optimiser le plan d’intervention, fait valoir Cimon Chapdelaine. À plus long terme, on peut espérer l’émergence de marqueurs cliniques des troubles d’apprentissage plus précoces, données massives aidantes.»