Diagnostiquer une maladie infectieuse peut être long, très long. Entre l’envoi d’un échantillon pour des tests en laboratoire et l’identification du microorganisme en cause, il se passe parfois plusieurs jours. Ce long délai explique pourquoi les médecins tendent à prescrire des antibiotiques à spectre large. Si ces derniers sont polyvalents, c’est-à-dire efficaces contre un grand nombre de bactéries, ils contribuent aussi au développement de l’antibiorésistance. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette capacité d’une bactérie à mieux résister à l’action d’un antibiotique au fil du temps sera à l’origine de dix millions de morts par an dans le monde en 2050.
La jeune entreprise DéteXion, de Québec, pense avoir trouvé une solution pour faire face à cette menace majeure pour la santé publique. Sa technologie exploite un principe optique pour mieux détecter des éléments biologiques, ce qui pourrait accélérer le diagnostic de maladies infectieuses. «Notre biocapteur consiste en des microsphères fluorescentes qui captent la lumière, créant ainsi des résonances optiques. Ces dernières varient selon la présence de telle ou telle bactérie dans l’échantillon», explique le cofondateur et étudiant au doctorat en physique à l’Université Laval Louis-Philippe Dallaire.
L’idée est intéressante, mais loin d’être nouvelle. Claudine Allen, professeure au Département de physique, de génie physique et d’optique de l’Université Laval, y travaille depuis des années. Louis-Philippe a repris le développement de ce biocapteur révolutionnaire lors de ses études aux cycles supérieurs. Avec son collègue Jérémie Guilbert, il a mis sur pied DéteXion à l’automne 2021. «J’ai toujours eu soif d’entrepreneuriat scientifique, raconte celui qui est aussi doctorant en physique à l’Université Laval. Ce projet permet de sortir le nez des livres pour appliquer la théorie à la réalité du terrain.»
Pour les aider à surmonter les derniers obstacles de maturation technologique, les deux associés peuvent compter sur le coup de pouce de partenaires comme le centre de transfert de technologie TransBIOTech et l’incubateur spécialisé en hautes technologies Quantino, propulsé par l’Institut national d’optique. «Pour l’instant, nous faisons surtout de la recherche et du développement dans le but de développer des prototypes d’ici les 2 à 3 prochaines années, précise Louis-Philippe Dallaire. Avant de nous attaquer au marché de la santé humaine, nous pensons nous concentrer sur celui de la médecine vétérinaire, où la résistance aux antibiotiques est aussi problématique.»