Coût approximatif en main-d’œuvre par été pour le désherbage d’un champ de 50 acres, au Québec.
Les mauvaises herbes rendent la vie dure aux agriculteurs. Rien de pire que de voir cette vermine proliférer dans ses champs! La solution conventionnelle pour empêcher ce scénario est de recourir à des herbicides qui, hélas, ruinent la santé des sols et affectent la santé humaine. Dans les cultures biologiques, où les herbicides sont interdits, la tâche est encore plus fastidieuse : il faut carrément arracher les indésirables à la main, ce qui représente une perte considérable de temps et d’énergie. Jusqu’au quart d’une récolte sous cette régie peut passer à la trappe à cause des mauvaises herbes.
«Toutes les cultures ou presque sont envahies par les mauvaises herbes. Pour certaines, c’est carrément catastrophique; elles peuvent par exemple empêcher les légumes racines de pousser», explique Simon Michaud, président et fondateur de Désherbex. La jeune pousse de Sherbrooke développe un outil à la haute pointe de la technologie qui a le potentiel de régler ce problème. Grâce à cet équipement agricole tracté composé d’outils robotiques interchangeables, il pourrait bientôt être possible de désherber précisément et automatiquement les champs de carottes, d’oignons, de radis.
L’intelligence artificielle est au cœur de cette innovation. Grâce à des dizaines de milliers de photos de champs de légumes dûment annotés à la main avec lesquelles il s’est en quelque sorte «entraîné», son système de vision autonome fait le tri entre le bon grain et l’ivraie, et ce, à des taux de précision qui frôlent 100%. «Nous songeons déjà à répliquer notre approche avec d’autres cultures, comme celles des petits fruits et des sapins de Noël», souligne celui qui est aussi étudiant à la maîtrise en génie électrique de l’Université de Sherbrooke.
Que Simon Michaud ait décidé d’embrasser un tel projet entrepreneurial est, à bien des égards, peu surprenant. «Comme mon père est un chercheur en robotique, j’ai grandi dans cet univers», raconte-t-il. Tout au long de ses études, il multiplie les participations à des compétitions comme First Robotics qui lui apprennent beaucoup sur l’art de mener des projets d’envergure à terme. C’est d’ailleurs à la faveur d’un tel concours, l’Expo MégaGÉNIALE, qu’il échafaude le prototype d’outil de désherbage automatique intelligent qui est aujourd’hui au cœur de Désherbex.
C’était à la fin 2021. Depuis, bien des partenaires – accélérateurs, incubateurs, bailleurs de fonds – ont contribué à rendre possible ce rêve entrepreneurial. «Je pense notamment à Sherbrooke Innopole, ACET, Apollo13, l’Accélérateur entrepreneurial Desjardins, Créatech, énumère le principal intéressé. Avoir des gens qui te guident dans les moments difficiles fait toute la différence dans ta quête de changer le monde par la science.»