Communo-Vet réussit l’exploit de faire entrer un carré dans un cercle. Il s’agit en effet d’un organisme à but non lucratif (OBNL) qui, grâce à sa structure novatrice, peut offrir des services de médecine vétérinaire à la population du Kamouraska et des environs. «Le Code des professions du Québec interdit au vétérinaire d’exercer au sein d’une OBNL. Nous avons donc trouvé une manière ingénieuse de contourner la réglementation», explique Aryane Maltais, vétérinaire et cofondatrice. Et ce, en toute légalité.
Techniquement, Communo-Vet n’offre pas de soins à domicile. Ceux-ci sont plutôt dispensés en parallèle par une société en nom collectif à responsabilité limitée. Les profits sont réinvestis dans l’OBNL, laquelle les réinjecte dans sa mission communautaire étant donné qu’elle ne peut s’enrichir. «C’est une manière originale de mieux accompagner les propriétaires d’animaux de compagnie, souligne Florence Grégoire-Jacques, elle aussi vétérinaire. Nous sommes mieux alignées avec nos valeurs.»
À l’heure actuelle, le modèle dominant de pratique de la médecine vétérinaire au Québec impose un lourd fardeau aux D.M.V. Parce qu’elles sont la propriété d’un nombre de plus en plus petit d’acteurs, les cliniques privées forcent certains choix déchirants en matière de soins. Avec à la clé un recul net de l’autonomie professionnelle. Communo-Vet rompt avec ce statu quo, ce qui lui permet de rejoindre des populations vulnérables comme les personnes malades, âgées ou à faible revenu.
«Dans le fond, nous faisons de la médecine communautaire, affirme Hélène Méthot, qui complète le trio et s’occupe de la gestion. Notre offre bonifie et complète celle qui est déjà en place sur le territoire.» Depuis le lancement de ses opérations l’été dernier, Communo-Vet connaît un franc succès. «Nous avons mis le doigt sur un réel besoin. Il y a trop de maîtres qui, faute de moyens financiers, se résignent à garder leurs animaux à la maison dans un mauvais état.»
Dans le milieu, cette histoire retient l’attention. Les trois associées évoquent déjà l’idée d’exporter leur modèle d’affaires ailleurs au Québec, d’autant plus qu’elles ont l’assentiment de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec. «La MRC de Kamouraska et la SADC du Kamouraska sont aussi derrière nous depuis les débuts, tient à rappeler Hélène Méthot. Sans leur coup de pouce, notamment financier, Communo-Vet aurait difficilement pu voir le jour.»