Grâce à une étudiante en médecine et ses complices, des enfants aux prises avec des limitations fonctionnelles peuvent enfin bénéficier de cours de natation.
Charlotte Lemieux-Bourque, 23 ans, nage depuis qu’elle est haute comme trois pommes. Sa passion pour la natation l’a notamment amenée à s’impliquer dans le mouvement des Olympiques spéciaux, auprès de personnes présentant une déficience intellectuelle. C’était avant qu’elle ne quitte sa Beauce natale pour entamer une formation en médecine à l’Université Laval. «À la suite de mon déménagement à Québec, j’ai toutefois cessé de m’impliquer dans ce projet», se souvient-elle avec une pointe de regret.
Un jour, une discussion avec André Wall, un ami qui étudie en physiothérapie, l’a fait allumer : il y a un manque d’activités sportives adaptées dans la région de la Capitale-Nationale. À moins de débourser une petite fortune, les enfants aux prises avec des limitations fonctionnelles et leur famille se retrouvent le bec à l’eau. «L’offre de cours de natation spécifiques à leurs besoins est assez limitée. Et, comme ils ne peuvent intégrer des groupes réguliers, ils se retrouvent entre deux chaises», déplore l’étudiante en médecine.
Pour pallier la situation, André Wall, Ann-Sarah Demers et Charlotte fondent Balein'EAU à l’automne 2018. L’idée est simple : offrir des cours de natation accessibles et adaptés pour des jeunes vivant avec des limitations fonctionnelles. Chaque dimanche après-midi, quelques dizaines d’étudiants en sciences de la santé (médecins, physiothérapeutes et kinésiologues) consacrent bénévolement de leur temps à cette cause : ce sont eux qui animent les séances individuelles de 30 minutes! En 2019, plus d’une quarantaine de jeunes bénéficient de leur expertise. Le seul critère d’admission : que l’enfant ne puisse intégrer un groupe régulier.
«C’est gagnant-gagnant : les jeunes font énormément de progrès tandis que les moniteurs développent leurs habiletés à intervenir auprès de ces clientèles», explique Charlotte Lemieux-Bourque. Une des clés du succès de Balein'EAU est de charger un coût symbolique par session aux utilisateurs. «Quand ça ne coûte rien, on a tendance à dévaloriser la qualité des services reçus. C’est aussi une question d’autonomisation : nous voulons que le jeune et sa famille participent activement aux soins», souligne-t-elle. Les sommes récoltées par Balein'EAU sont réinvesties dans les frais de location de plages horaires en piscine, de même que dans la formation continue des bénévoles.
Charlotte Lemieux-Bourque est la première surprise par le succès que connaît Balein'EAU depuis la création de l’organisation à but non lucratif. Heureusement, elle a pu compter sur de précieuses ressources spécialisées sur le campus de l’Université Laval pour franchir les obstacles rencontrés. «Je n’avais jamais rédigé de plan d’affaires ni préparé de demandes de subventions... Ce sont des compétences qui me seront utiles toute ma vie», estime-t-elle. À moyen et à long terme, elle souhaite que Balein'EAU s’implante pour de bon dans le paysage des soins de la santé de la Ville de Québec.