Vyckie Vaillancourt s’est lancée dans un projet unique : cultiver des agrumes au Québec.
Chez les Vaillancourt, l’agriculture est une affaire de famille. Parlez-en à Vyckie : la jeune femme de 30 ans représente la septième génération d’agriculteurs! D’ici quelques années, elle reprendra la Ferme d’Auteuil des mains de son père, un maraîcher. Et, pour marquer le coup, elle a lancé son propre projet : faire pousser des agrumes. «C’est une façon de me valoriser en tant que jeune entrepreneure. Chaque génération amène sa propre couleur et relève ses propres défis», précise-t-elle.
L’idée est née il y a trois ans sur les bancs de HEC Montréal, où Vyckie Vaillancourt complétait un diplôme d’études supérieures spécialisées en gestion et entrepreneuriat. «Dans le cadre de ce programme, nous devions créer une entreprise fictive. Comme nous cultivions déjà des agrumes pour notre consommation personnelle sur la ferme, je me suis dit : “Pourquoi ne pas amener ça plus loin?”», raconte-t-elle. La fiction devient réalité; elle s’approprie le projet et le concrétise!
S’il existe plus de 400 types d’agrumes différents dans le monde, tous ne peuvent pas être cultivés au Québec. C’est pourquoi Vyckie en a sélectionné certains qu’on trouve à des hémisphères semblables, comme au Japon. «Les variétés qui sont cultivées là-bas tolèrent bien le froid et le manque d’ensoleillement. Je ne pourrais pas faire pousser des oranges de Floride au Québec : elles demanderaient bien trop de chauffage!», souligne celle qui tient la température de sa serre à 8 °C pendant la saison froide. O’Citrus est la première entreprise au Québec à produire des agrumes fins comme le yuzu, la main de bouddha, le citron caviar et la lime kaffir. Les 150 arbres atteindront leur pleine capacité, soit 80 fruits par année, d’ici deux à quatre ans.
Du moins, en théorie. En tant que pionnière de la culture d’agrumes au Québec, Vyckie Vaillancourt défriche littéralement le chemin, un essai-erreur à la fois. «Personne n’a jamais fait ça : il n’existe pas de marche à suivre et certaines questions demeurent sans réponse. Par exemple, j’ignore ce qui va arriver à mes arbres dans 20 à 25 ans», explique-t-elle. Malgré l’incertitude, elle récolte déjà le fruit de ses efforts. Des chefs de restaurants réputés de la région de Montréal redemandent de ces agrumes atypiques produits en sols québécois, à quelques kilomètres à peine de chez eux.
Vyckie vient de compléter l’aménagement d’une serre deux fois plus grande que l’ancienne de 195 mètres carrés. Celle-ci pourra accueillir de nouveaux arbres qui bonifieront sa production d’agrumes, tout en rendant possibles des projets d’agrotourisme. Quelqu’un a dit «visionnaire»?