Une passionnée de l’alimentation a décelé un potentiel d’affaires là où personne n’en voyait.
Suzanne Dionne, formée en transformation alimentaire à l’Université Laval, est peut-être la plus convaincue des Québécoises sur les bénéfices de l’alimentation vivante pour la santé humaine. La preuve : dans les années 1990, elle a mis sur pied une entreprise spécialisée dans la production artisanale de miso, une pâte fermentée à haute teneur en protéines.
L’idée a germé à la suite d’un séjour de huit ans en Afrique Centrale où elle a, entre autres, étudié les débouchés possibles du soya en matière de transformation. «Les aliments remplis de probiotiques, on ne connaissait pas ça au Québec. Quand j’affirmais que c’étaient pourtant des produits d’avenir et qu’il y avait une opportunité à saisir, on me prenait pour une extra-terrestre», raconte la présidente de Les Aliments Massawippi.
À l’époque, à la relative méconnaissance du produit par le grand public s’ajoutaient des difficultés d’approvisionnement en matières premières, des grains de soya biologique de bonne qualité, et l’incapacité à générer des revenus pendant les trois premières années de vie de l’aventure, le temps de permettre aux produits de fermenter. «Il a fallu déployer beaucoup d’efforts pour éduquer les consommateurs. Je ne compte plus le nombre de fins de semaine passées dans des salons à rencontrer des gens», se souvient l’autrice du livre Le miso plus qu’un aliment… la vie, vendu à plus de 40 000 copies et traduit en anglais.
La situation a heureusement beaucoup évolué depuis puisqu’en 2019, les liens entre la santé et le microbiote intestinal ne sont plus à faire. Les consommateurs québécois ont un appétit de plus en plus grand pour les produits fermentés. «Dans la dernière année, nous avons connu une croissance de nos ventes de l’ordre de 40 %», témoigne la femme d’affaires de 60 ans. En tout, Les Aliments Massiwippi produit six variétés différentes de miso, ce qui représente une vingtaine de tonnes par année.
Les Aliments Massawippi souffle ses vingt bougies en 2019. Ses fondateurs, Suzanne Dionne et son conjoint, sont à définir la suite de l’aventure. «La production du miso, c’est un véritable travail de moine! Ceci étant dit, nous ne regrettons rien et referions les mêmes choix demain matin», affirme celle qui n’exclut pas l’idée de se lancer un jour dans la production du saké!